E carburants et/ou la fin des moteurs thermiques en 2035 ?

26 Mar 2023

Ja, nein, aber, vielleicht, (1) … résument les dernières positions allemandes sur la question de la fin décidée par l’UE des moteurs thermiques en 2035. Cette remise en question a été immédiatement interprétée comme une résistance au tout électrique. On en a profité pour inventorier tous les défauts de cette technique : batteries polluantes, insuffisance de ressources en matières premières, difficultés de recyclage, prix trop élevés hors de portée des ménages modestes etc.

Pourtant, Volkwagen s’est engagé sur un programme de 180 milliards d’euros d’investissement dans l’électrique, c’est dire la place de ces futurs véhicules dans sa stratégie.

En réalité, il s’agit bien plus de laisser la porte ouverte aux carburants de synthèse.

Les « e-caburants » semblent avoir toutes les qualités : ils sont produits sans pétrole, mais à base de CO2 et d’électricité bas carbone. L’eau est divisée en oxygène et en hydrogène vert, par un processus chimique d’électrolyse. L’hydrogène vert, combiné à du gaz carbonique est ensuite transformé en « e-fioul » par un processus chimique et par raffinage. Ils ne dégagent pas de gaz à effet de serre et peuvent être utilisés sur les systèmes de motorisation à combustion existants : énorme avantage, évitant de mettre au rebut un savoir faire où les constructeurs allemands sont leaders.

Trop beau… évidemment. D’une part, le processus de fabrication est complexe et très énergivore, L’«e-carburant » , beaucoup plus cher que les carburants issus du pétrole, serait alors destiné aux véhicules haut de gamme, grosses berlines et SUV ( spécialité allemande) – ce qui représenterait à tout point de vue un choix plus que discutable. D’autre part la ressource en hydrogène vert est limitée et sera mobilisée par l’accès à l’énergie décarbonée, objectif européen et bien commun dont on estime qu’il nécessitera 7 fois plus d’électricité et d’hydrogène propres d’ici à 2050. A nouveau, on voit mal comment serait justifiée son utilisation à destination de clients privilégiés.

Dans tous les cas, les investissements pour développer les moteurs électriques ou la production d’ »e-carburant » sont colossaux et nécessitent des marchés sécurisés en quantité comme en durée. L’orientation de l’UE et des économies occidentales vers l’électrique laisse peu de perspective aux carburants de synthèse, du moins dans leur définition industrielle actuelle- à moins …d’une prochaine révolution technique de la production d’électricité et d’hydrogène.

G.SUCHET 25/03/2023

(1) Oui, non, mais, peut-être